shargh-e-andooh (à l'est de la douleur)
JUSQU'À LA FLEUR DU NÉANT

Nous marchions ensemble.
Hauts étaient les arbres,
Noir l'espace de la vue!
Et longue la route qui menait vers la fleur du Néant.
Une mort dans le flanc des montagnes,
Un nuage sur la crête des hauteurs
Et les oiseaux au bord de la vie.
Et nous chantions:
"Sans toi je suis une porte ouverte au-dehors,
Un regard que limitent les rivages
Et une voix perdue dans le désert."
Nous marchions ensemble.
La terre s'effrayait à nos pas
Et le temps nous trempait de ses pluies.
Nous rîmes et soudain
Les abîmes s'éveillèrent de leur lourd sommeil
Et les fonds insondables firent entendre leurs cris.
Nous silencieux, le désert tout œil, et l'horizon: un fil de regard.
Nous nous assîmes: tes yeux pleins de lointains.
Ma main pleine de solitude, et la terre pleine de sommeil.
Nous dormîmes. Et on raconte que, dans un songs,
Une main cueillait une fleur.